Ce livre s’est construit patiemment, à mon insu, pendant presque 40 ans ! Tandis que j’étais occupé à vivre, il s’est commencé de lui-même en 1985 à travers un Nikon F2 et une photo en béton armé d’un bâtiment qui n’existe plus désormais. Il s’est continué dans la foulée avec deux vues d’un complexe industriel d’un autre âge, enchâssé dans une vallée sans soleil, témoin d’une révolution de fer maintenant gommée de notre présent. Au fil des ans il s’est agrégé d’autres clichés en courant la planète, chevauchant l’évolution numérique et passant la barrière du XXIe siècle : il s’étend d’un New York qui n’existe plus à une Mexico patinée par les ans et secouée par des tremblements de terre, comprimant quatre décennies approximatives en quelques quatre cent photos prises autour du globe.

Tous ces instantanés une fois ordonnés par époques, régions et villes m’ont réclamé le contexte dans lequel ils avaient été saisis : il m’a fallu quitter la tranquillité relative de la redécouverte des négatifs, des diapositives et des fichiers arrachés au labyrinthe des sauvegardes numériques et écrire.

Les photographies parlent, c’est admis. 

Les mots dessinent la cartographie d’un univers, s’ils sont bien choisis.

La juxtaposition des clichés et des anecdotes ici réunis est de mon fait, il faut bien le dire.

Alors voilà : tandis que j’existais en Amérique, en Asie, en Orient et un peu en France aussi, mon Nikon de toujours, sa vie parallèle et moi-même avons raconté une histoire. endant que tous suivions le fil de l’Histoire (celle qui ignore superbement qu’elle nous est redevable de sa majuscule). Donc, conclusion, avant que ce fil nous blesse (j’en ai peur), il me semble être temps de transmuter cet entêtement tout personnel en 256 pages reliées sous couverture cartonnée, quadrichromie et papier 170 grammes, je vous le confie !