Skull & Bones #1

Crânes blancs et soie noire : l’origine du drapeau pirate !

Supposément né en 1700, cet incontournable symbole de l’insubordination a marqué l’histoire contemporaine !

Les régions occidentales découvertes un siècle auparavant par les Européens furent progressivement mises en coupe réglée : la conjonction de leurs richesses tant matérielles (or, diamants, épices etc.) qu’humaines (esclavagisme) donna naissance à un commerce florissant dont la marine à voile était l’élément central. Celle qui avait permis la conquête assurait depuis lors le transport des marchandises, des soldats et des évangélistes sur tous les océans, au risque d’en découdre avec les brigands des mers…

Pour mémoire, les Caraïbes furent découvertes par les Espagnols à la fin du XVe siècle ; croyant tracer vers les Indes, ils avaient touché terre sur l’île d’Hispaniola (St Domingue aujourd’hui) quasiment par hasard. A leur suite, les Anglais, les Français et les Portugais firent route eux aussi vers le ‘Nouveau Monde’ et colonisèrent les ‘Amériques’, donnant naissance à des empires aux diverses fortunes.

Une marine dissidente battant ‘pavillon noir’ convoitait les cargaisons des bâtiments retournant en Europe et, pour ce qui nous intéresse ici, attaquait les vaisseaux commerciaux au large des Caraïbes ! Au tout début du XVIIIe siècle, le vaisseau du pirate français Emmanuel Wynne arborait un drapeau sur lequel se distinguait un crâne grimaçant, au premier plan d’une paire de tibias entrecroisés, le tout souligné par un sablier. Surnommé le ‘Jolly Roger’ par les Anglais que Wynne attaquait sans relâche, ce symbole du grand banditisme de l’époque fit école chez les forbans sous diverses formes, en conservant principalement le crâne (‘Tête de Mort’) et le fond noir. Sa signification était claire, qu’il arbore des variantes avec tibias ou sabres entrecroisés : « se rendre ou mourir » !

Le drapeau original de Wynne

Cette iconographie perdura grâce à la littérature dont l’ouvrage de R.L Stevenson, « L’île au trésor » (1885) est la pierre angulaire, mais l’histoire de la première ‘globalisation’ du commerce ne s’arrête pas aux trublions qui l’entravèrent un temps pour leur propre compte. Les empires se sédimentèrent, les moyens de communication se développèrent et avec eux les guerres : intestines, de frontière, sur terre et sur mer, elles se muèrent en un premier conflit mondial de sinistre mémoire. Les têtes de mort furent de tous ces conflits. En 1914, le commandant du sous-marin britannique HMS E-9 hissait le pavillon noir à chaque retour de mission réussie ! Bravant l’interdiction officielle, les autres sous-marins de la flotte adoptèrent cette coutume. La cavalerie allemande arborait elle aussi la ‘Totenkopf’, tout comme les tankistes et les SS du conflit suivant.

Côté Alliés, l’escadre VF-17 américaine décorait du Jolly Roger ses chasseurs embarqués Corsair (!), une tradition qui perdure jusqu’à nos jours sur les appareils de la VF-103.

Formation de Corsair de la VF-17 (note : V est un code signifiant ‘volant plus lourd que l’air’ -donc pas un dirigeable- et F ‘chasseur’, ‘fighter’ en anglais.
F-14 Tomcat, de la VFA-103, à l’appontage.

Dans une culture populaire débarrassée de toute connotation sanglante, la petite tête de mort reste un élément central de l’iconographie rock’n’roll, des bagues de Keith Richards au tee-shirt de Paul Simonon… un symbole de trompe-la-mort qui, incontestablement, a la vie dure !

Keith Richards

 

Paul Simonon (photo Pennie Smith)

 

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